Prenons l’exemple d’un citoyen canadien, comme vous, qui avez ouvert un compte appelé “Compte d’épargne journalier TD” avec la Banque TD.
Ce citoyen épargnant se félicite d’avoir placé une somme de 5,000$ dans ce compte dédié à l’épargne.
Cependant, avec un taux d’intérêt annuel de 0,05% qui revient à un taux d’intérêt mensuel de 0,0042%.

Pour vous donner une idée de l’insignifiance de ce taux d’intérêt, surtout pour un “compte d’épargne”, le 5,000$ placé aura généré un gros 0,21$ de “rendement”. Annuellement, on peut penser à un rendement tout aussi anémique d’environ 2$ et ce, pour avoir “gelé” 5,000$ pendant une année complète!
Mais…
L’inflation a les dents longues
Vous allez voir que votre rendement va rapidement disparaître face à l’inflation, à savoir la perte du pouvoir d’achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix. Rappelons qu’il s’agit d’un phénomène persistant (auquel vous pouvez difficilement échapper) qui fait monter l’ensemble des prix et auquel se superposent des variations sectorielles des prix. C’est un monstre qui mange discrètement votre fortune, qu’elle soit grande ou petite. La mécanique inflationniste est impitoyable et voici comment elle s’attaque à votre 5,000$ placé dans un compte d’épargne.
Prenons l’exemple de l’inflation mensuelle, au Canada, entre les mois de juin et de juillet 2018 qui a “coûté” 0,52%.
Juste là, on remarque que l’inflation 0,52% coûte 124,8 fois plus que l’intérêt mensuel à 0,0042%. Normalement, vous devriez faire une pause ici pour ventiler votre inconfort devant ce vol qui a cours, mois après mois.
Mais bon, on continue ; )
Le 5,000$ placé dans un compte d’épargne et qui a généré un “gros” 0,21$ en intérêts pour le mois aura simultanément perdu 26$.
Vous avez bien lu.
L’inflation a fait perdre 26$ ce qui signifie que si l’on prends en compte votre rendement de 0,21$, il vous reste une perte de 25,79$.
À la fin de ce mois, votre 5,000$ dans votre compte d’épargne ne vaut donc plus que 4,974,21$ mais c’est trompeur parce que dans votre compte, le solde sera affiché à 5,000,21$, soit les 21 cents d’intérêts que vous avez généré. Jamais les banques ne vous mentionnent que votre solde a perdu de son pouvoir d’achat mais dans les faits, vous perdez, mois après mois.
C’est là une déception de plus de la part des institutions financières qui préfèrent masquer la réalité de la dévaluation de votre pouvoir d’achat (en ne mentionnant jamais l’effet de l’inflation) afin de maintenir un semblant d’intérêt pour leurs “comptes d’épargnes”.
Sous le matelas?
Dans le contexte de ce calcul, vous auriez perdu le même 26$ à l’inflation, même si vous aviez caché votre 5,000$ sous votre matelas.
Pire, vous n’auriez pas reçu le (maigre) 0,21$ en intérêts.
Alors au final, jusque là, ça valait la peine (pour les 21 cennes) de “geler” le 5,000$ dans un compte d’épargne.
Mais…
Oui, encore un gros “mais”!
Il se trouve qu’en cas de coup dur, selon le compte d’épargne choisi (pas nécessairement celui de la Banque TD, dans cet exemple), il pourrait y avoir des “frais exceptionnels” si vous devez sortir votre argent du compte d’épargne. Qu’importe le montant de cette “pénalité”, ça annulera à coup sûr vos 2$ en intérêts, accumulés au cours d’une année.
Et selon les institutions financières, il y a aussi parfois des frais de type “services conseils” pour ouvrir le compte d’épargne et plus tard, lorsque nécessaire, pour le fermer. Sans oublier les frais qui peuvent parfois s’appliquer pour retirer ou transférer des sommes qui se trouvent dans votre compte d’épargne.
Les “frais bancaires” ont les dents bien acérées et comme l’inflation, vous en êtes la cible. Vous et surtout, votre argent.
Alors si l’on prends tous ces facteurs en compte, là, placer votre argent sous votre matelas commence à faire pas mal plus de sens que d’aller le confier à une institution financière.
L’argument de la sécurité
Évidemment, si vous avez peur de vous faire cambrioler, vous ne serez pas à l’aise pour laisser vos 5,000$ sous votre matelas.
Vous opterez alors pour une alternative plus sécure, comme celle offerte dans le cas d’un compte d’épargne dans une institution financière (idéalement protégée par l’assurance-dépôt canadienne).
C’est donc trop souvent que les épargnes des Canadiens aboutissent dans des “comptes d’épargnes”, faute d’avoir un matelas assez sécuritaire pour les y cacher.
Au final, les Canadiens qui veulent épargner doivent rivaliser d’ingéniosité pour éviter que leurs épargnes se fassent graduellement avaler par le monstre de l’inflation.
C’est un énorme problème qui n’est tout simplement pas assez débattu, dans les “grands médias”.